>Trentemoult : « Non aux quais sans voiture ! »

>Article Ouest-France du samedi 25 septembre 2010


La suppression des places de parking le long de la Loire fait des remous. les commerçants ont lancé une pétition.</P>
« Alerte aux bittes en plastique », l'affichette est placardée partout sur les quais de Trentemoult.La suppression d'une quarantaine de places de parking le long de la Loire fait des remous.
Les plots en plastique « défigurent les quais », dit l'affichette visible sur les quais de Trentemoult, qui parle d'un « effet carte postale imposé ». La municipalité n'y est pas nommée mais visée comme celle qui ordonne et consigne mais oublie de penser à ceux qui vivent au village et le font vivre. Le message est distribué aux comptoirs des restos et cafés, à côté des feuilles de pétition qui exigent leur retrait immédiat ainsi que des places de parking sur le port. Des noms de Rezéens, Nantais, Sébastiennais, Bouguenaisiens... remplissent les pages. Lancée mardi, la pétition rencontre l'adhésion spontanée de nombre d'habitués. Les commerçants comptent la remettre à la première adjointe, Danièle Daunis-Ferraut, lors de leur prochaine rencontre (lire par ailleurs).
Curieusement, habitants et commerçants semblent faire front commun contre la suppression des voitures le long de la promenade des quais. Ici pas de rejet de la voiture qui encombre et pollue le paysage, mais la revendication de la liberté d'en avoir une. « Comment faire sans voiture ? ». Le rejet par contre d'une «mesure imposée pour faire joli » et franchement irréaliste. Le reproche fait à la collectivité de ne pas entendre la demande, le besoin. Reproche d'une posture idéologique, qualifiée d'« écologie hors de propos ». Trentemoult retrouve son caractère de « village de Gaulois ».
La suppression d'une quarantaine de places de stationnement le long des quais est présentée comme expérimentale. Pour les Trentemousins, c'est ressenti comme une « décision unilatérale. Les habitants ne sont pas pris en compte, râle un gars du coin. Déjà, on a discuté de tout ça quand ils ont installé la navette. L'appontement tel qu'il est aujourd'hui, ça devait aussi être du provisoire. »
Un cycliste, habitué du coin, s'arrête. Se mêle à la discussion. Faire de la place aux vélos ? « Pfff, c'est pas un vrai argument. » Le tracé d'une voie cyclable n'était pas ressenti comme une urgence ici. Alors que pour le maire, il y avait nécessité de poursuivre ici le tracé de La Loire à vélo.
« C'est vrai que c'est mieux de voir la Loire plutôt que les bagnoles, disent deux habituées bouguenaisiennes. Mais faut être réaliste. C'est aux gens qui vivent là de décider d'abord. » Il est 13 h, bain de soleil sur les quais. Terrasses bondées. Le parking relais est complet. Il y a quelques places devant la maison des Isles, d'autres aussi devant la société Colas. C'est plein à l'autre bout, place des Filets.
« On a eu un peu de mal pour se garer, mais on a trouvé dans les petites rues derrière », dit une dame venue déjeuner à la Guinguette. Pas fâchée. «J'apprécie de pouvoir marcher maintenant le long de la Loire. » Une mamie fait le guet à l'entrée de sa ruelle. Elle garde une place au chaud pour sa fille qui doit arriver en voiture. Aujourd'hui la peur du PV domine et la grogne aussi après « ces gens qui prennent le Navibus et laissent leur voiture ici toute la journée. » Et ce marché bio du samedi : à cause de lui aussi « pas moyen de se garer ! », rajoute la vieille dame.
Fronde des restaurateurs
« Le premier licenciement est pour la fin du mois, annonce Pierre, le patron du Café du port. Plus personne ne s'arrête chez moi. 15 % de baisse du chiffre la semaine dernière. C'est vertigineux. Je n'imaginais pas que ça puisse chuter aussi vite. On est en train d'étouffer la clientèle. Je travaille avec des personnes handicapées. Ils n'arrivent plus à s'arrêter. Où garer leur minibus ? » Il a demandé à la communauté urbaine de Nantes de tracer une place pour handicapés. Refusé.
Pourtant, il fait bureau de Poste (il y a quelques années, la Poste a fermé le petit bureau qu'elle avait en face du Leclerc d'Atout sud), débit de tabac et journaux, ce qui génère du passage. Le problème, c'est que les clients ne font plus la p'tite pause au comptoir. Une femme vient chercher un recommandé. Elle se gare vite fait dans le virage en face du café. Pas gênant, sauf pour le bus qui justement arrive et klaxonne : il ne peut pas tourner. Pierre emploie deux personnes. Il va mettre un terme au contrat à mi-temps.
« Il n'y a eu aucune étude économique sur le manque à gagner du bassin d'emploi, déplore Philippe, le patron de La Civelle. L'ensemble des restos, c'est 70 personnes. Vous ajoutez coiffeur, boulanger, magasins, kinés, les ateliers au bout, ça fait une centaine de personnes. » Il ne décolère pas, trouve l'attitude de la municipalité méprisante. Se demande combien ont coûté ces horribles bittes blanches. Et cherche la cohérence : « On prend modèle sur les centres villes piétons mais eux sont au moins desservis par des transports en commun ! Le parking de la Tan est fermé le soir. La navette fluviale marche bien le midi mais elle s'arrête vers 20 h. Pourquoi ne pas faire plutôt une zone bleue ? Ou bien une estacade comme au Pouliguen ? »

Sylvie HROVATIN.

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