>La marmelade d'orange sanguine et de merise au romarin pour N2

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Moi je l'aime bien N2. Elle est une vampire Gothique, de surcroît, pyrophile. Depuis un bout, elle travaille dans la ville la plus pourrie sur terre. Elle aime bien son métier. Elle fait de l'escalade avec 10 kilos d'explosifs collés aux fesses (jolies, de mémoire) toute la journée, puis le soir venu, elle appuie sur des boutons au bon moment. La foule ébahie fait Ôôôh ! puis Ââââhhh ! , à coup sur, et à chaque soir. Elle a souvent l'impression de pitonner sur la télécommande de la foule, comme on zappe la télé. J'ai déjà fait ce métier, pendant 15 ans, c'est bien. C'est une forme d'art où on joue sur les perceptions primaires de façon spectaculaire. On a le beau jeu, on a le gros bout de la baguette magique. C'est bien surtout en conception, mais en tournée ou sur scène, ça peut devenir drôlement gazant avec le temps.

J'ai de ces souvenirs gazants pour une tournée de rock Heavy-Metal, où je grimpais dans les ponts d'éclairage pour y placer des pétards toute la journée, tout ça pour deux 'cues' pendant le show. Le premier au départ, question de galvaniser l'auditoire friande de cette poésie à cinq cennes, puis l'autre en finale, question de leur rappeler qu'en enfer, bin, ça brûle. Méchant concept ! Je devais donc me taper tout le show des coulisses en attendant, question de surveiller qu'un fan intoxiqué n'ait pas renversé un mortier en tentant une vaine intrusion sur scène, ou que le Lead Signer, n'ait pas pissé dedans pendant sa prestation. Boring ! Donc je devais me taper tout le spectacle jusqu'à la fin...

Donc à l'époque, j'aimais mieux faire péter des voitures, des camions, des bâtiments, des cervelles, ou des tripes, pour le cinéma, question de variété. J'ai rencontré N2 un jour où j'électrocutais bêtement un athlète dans un bain tourbillon. On avait le gros kit ; des gros bouillons fumants, des étincelles partout, de la fumée qui lui sortait par les oreilles, et la peau du visage qui faisait des cloques brunes crevant en fumée blanche, suivie d'une pourpre coulisse. Le grande finale, c'était le gros plan des yeux qui lui explosait des orbites avec des étincelles crépitantes derrière, tout au creux. Le gros défi était de combiner la pyrotechnie et les giclées de sang avec les battements de cœur évanescents, dans un juste équilibre, selon le synopsys, et pour la caméra.

Bien entendu, c'était juste pour une comédie (ou une pub pour Mc-Donalds ?). Mais ce fût aussi une journée à demi romantique. C'était le jour où la jeune et jolie N2 est enfin tombée amoureuse... que de mes pétards, malheureusement. =(

C'était il y a 25 ans :

Après des mégatonnes de poudre noire brûlée,
Après des gazziliards de pupilles aveuglées jusqu'à la moelle,
Après 221 conteneurs de boîtes de Kleen-Ex farcis de nécroses de tympans perforés,

Après toute cette routine,
par un beau matin d'automne,
et peut être un peu écœurée :

des néons clignotants,
des Barbies en silicone,
des chapeaux de cowboys,
et des taxis qui puent le cigare,

N2 me retrouve sur l'internouille et m'écrit enfin "dessines-moi une marmelade".

J'ai compris qu'elle était un peu fatiguée, qu'elle voulait du nouveau... elle a reçu ses deux caisses en décembre. L'une d'elle était emplie de cette marmelade.

En janvier, enfin, elle s'exprime : "WTF ? T'a mis quoi la-dedans toi MAUDIT DÉBILE DE MONGOL DÉCADENT !?! =)"

C'est bon signe, ça. Elle a toujours su parler aux hommes, N2. Je crois qu'elle aime ça. Je crois qu'il me reste une chance, je crois que ça vaut l'effort de perdre 20 kilos... À votre avis, je devrais lui demander une photo récente avant ? ;)



Ébahissons, ébahissons, c'est ça le métier. L'air de rien, on vient de brûler plus de 5 000 $ en une minute, bravo !

Bref, c'est une recette élaborée pour ma vampire Gothique pyrophile préférée. Vous ferez environ 9 ou 10 pots de 250 ml avec cette recette, soit environ 400 ébahissements, dépendant de la taille des tartines et des trous dans le pain.

J'ai mis quoi là-dedans ?

  • 6 tasses ou 2 lbs (900 g) merises bien mûres (il faut les cueillir soi-même, j'en ai jamais vu au marché)
  • 1 tasse (236 ml) d'eau
  • 8 oranges sanguines, bien fermes
  • 2 citrons moyens à peau mince, bien fermes
  • 2 tasses (470 ml) d'eau
  • du sucre (on verra combien plus bas)
  • 5 branches bien touffues de romarin frais d'environ 6 pouces (15 cm) de long
Simple non ? L'ingrédient suspect, c'est les merises, et son complice probable, c'est le romarin.

Procédure :

Laver et équeuter les merises et les placer au fond d'une casserole en inox à fond épais. Verser dessus une tasse d'eau, porter à ébullition, réduire le feu, couvrir et laisser mijoter tout doucement, pendant environ 15 minutes, en remuant de temps à autre. La cuisson est terminée quand les noyaux se libèrent bien des pelures et de la pulpe. Couvrir et fermer le feu, pendant qu'on s'occupe des agrumes.

Bien brosser vos agrumes sous un filet d'eau. Les couper en quartiers, épépiner les citrons (c'est très rare qu'on ait des pépins avec les sanguines, mais vérifiez quand même), puis découper les quartiers en minces tranches. Un peu comme ça, vous voyez ?


Bien sur, c'est triché. Pour faire écolo, je réutilise mes photos. Il faut imaginer une orange sanguine, voilà tout. Désolé si y'a pas assez de sang.

Une fois les agrumes tranchés, les placer dans une belle casserole en inox à fond épais, avec l'eau. Porter à ébullition, baisser le feu tout doux, couvrir et laissez mijoter jusqu'à ce que les pelures soient tendres. Couvrir et fermer le feu, pendant qu'on retourne à nos merises.

Voilà le travail de moine ; il faut séparer les noyeaux de la peau et des pulpes des merises. J'ai essayé au chinois, au presse purée, à la passoire, ça ne va pas bien. Le mieux c'est un tamis à grille assez grossière, même avec, il va falloir gosser un peu. Pousser la préparation à travers un tamis à grosse grille à l'aide d'une spatule de caoutchouc. Il faut régulièrement retirer les noyaux en surface pour que ce soit efficace. J'y ai mis 20 ou 25 minutes.

Mélanger le mioum mioum de merise au mioum mioum d'agrumes et mesurez (ou pesez) le tout.

Si vous avez mesuré, ajoutez 1,2 fois le volume en sucre.
Si vous avez pesé, ajoutez le même poids en sucre.

Laver et sécher les branches de romarin, les froisser légèrement en les roulant entre les paumes des mains. Les immerger dans le mélange tiédi, couvrir et laisser macérer à température ambiante pour 12 heures (ou plus). Pourquoi ? Bonne question. Les écorces d'agrumes vont absorber du sucre, comme ça elles ne vont pas toutes flotter en surface de vos bocaux avant que la marmelade ne fige dedans.

Endormez-vous en reniflant vos paumes. C'est pas tous les jours qu'on froisse du romarin frais.

Le lendemain, on reporte le tout à ébullition à feu moyen. 5 minutes après que l'ébullition ait reprise, on retire les branches de romarin (idéalement, pas à mains nues), et on les secouent au dessus du chaudron. C'est pas grave si il reste des feuilles dans la marmelade, ça fait joli sur les canines.

Cuire en remuant de temps à autres, quand votre marmelade à atteint 104 ° C, brassez bien pour une minutes ou deux, tout devait être parfait. Vous pouvez faire le test de l'assiette froide pour calmer votre insécurité. :)

Retirer du feu et mélanger encore pour une minute.

Bien écumer.

Empoter en laissant 1/4 de pouce (6 mm) d'espace sous le goulot.

Suivre ces instructions pour la mise en conserves.

Stérilisez les pots scellés pour 10 minutes à l'eau bouillante.

Laissez votre marmelade se bonifier pour deux semaines avant de servir, ou d'envoyer par Fed-Ex.

Si je me souviens bien, N2 est, et restera toujours, mon amour impossible numéro 302.

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